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Les éleveurs sont les premiers à affronter le choc démographique

Avec une forte attractivité et un turn-over important, l'élevage caprin fromager fait figure d'exception parmi les filières d'élevage.

Le renouvellement des générations est particulièrement sensible dans les filières d’élevage. C'est notamment dû à une difficulté à externaliser leur travail.

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Les filières d’élevage sont en première ligne pour affronter le choc démographique d’une génération sur le départ. Traditionnellement, les discours sur l’agriculture évoquent le départ de la moitié des exploitants dans dix ans. Mais, comme ça fait dix ans qu’on entend cette phrase, il faut bien la confronter à la réalité. Celle-ci n’est pas la même quand on détaille l’analyse au niveau des secteurs de production.

Emploi total stable

C’est ce qu’a proposé de faire Christophe Perrot, économiste à l’Institut de l’élevage, au cours d’une présentation de travaux organisée le 24 mai 2024 par le bureau d’études Abcis, filiale des filières de la production animale (Idele – bovins, Ifip – porcs, et Itavi – volailles). D’une façon générale, l’emploi total dans le monde agricole s’est plutôt stabilisé en nombre depuis une dizaine d’années. C’est le nombre des exploitants agricoles qui diminue alors que l’emploi salarié augmente. La part des actifs salariés dans l’emploi agricole est passée de 34 % en 2012 à 43 % dix ans plus tard, selon l’Insee.

Mais cette relative stabilité globale cache des finesses. En nombre d’équivalents temps plein (hors externalisation de type ETA ou intérim…), les exploitations orientées vers les productions végétales augmentent légèrement entre 2010 et 2020 (+1,3 %) mais les exploitations avec un atelier d’élevage significatif chutent de 19,6 %, selon les données du recensement agricole.

Externalisation du travail

« Les productions végétales reposent de plus en plus sur le salariat et la sous-traitance des travaux de cultures. À l’inverse, l’élevage de ruminants est basé sur la main-d’œuvre familiale (non salariée) et difficile à externaliser », commente Christophe Perrot. À ses yeux, ce sont donc les filières d’élevage qui vont être secouées par le départ massif d’une génération.

Pour autant, le pic des départs à la retraite est en train de s’estomper. La pyramide des âges traduit le vieillissement des agriculteurs qui se sont installés dans les années 1990 en profitant des restructurations provoquées par les départs massifs induits par le dispositif de préretraite-installation en vigueur jusqu’en 1997.

En réalité, des mises à la retraite se sont déjà produites chez les éleveurs laitiers. Le nombre de départs aurait commencé à diminuer en 2023. Ce qui fait que le taux de remplacement devrait augmenter à condition que le rythme des installations soit le même qu’actuellement.

Attractivité de l’élevage

« Pour cela, il faut travailler sur des points essentiels pour renforcer l’attractivité du métier : l’image et l’acceptabilité sociale de l’élevage, l’accessibilité du capital foncier, et les conditions d’exercice du métier, dont la rémunération et la qualité de vie au travail », ajoute Christophe Perrot.

La féminisation du métier et l’entrée des jeunes non issus du milieu agricole semblent jouer un rôle important dans le renouvellement des générations. Le secteur caprin fromager présente les taux les plus élevés pour ces deux critères en comparaison des autres secteurs de l’élevage. Et c’est aussi celui qui présente une pyramide des âges très favorable au renouvellement : tous les âges sont représentés, l’équilibre entre les sexes est respecté. Ce secteur fait figure d’exception dans le monde agricole avec une forte attractivité (40 % installés depuis 2010) et un turn-over important.

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